JBG
La longue histoire de violence paramilitaire et d’impunité de l’ORCAO
15 septembre 2021
Samedi dernier, le 11 septembre 2021, comme le dénonce le Réseau Ajmaq, deux membres du Conseil de bon gouvernement « Patria Nueva », du Caracol 10 (Ocosingo), ont été séquestrés par l’Organisation régionale des caféiculteurs d’Ocosingo (ORCAO). À ce jour, les autorités zapatistes, José Antonio Sánchez Juárez et Sebastián Núñez Pérez, sont portés disparus. Du Collectif Radio zapatiste, nous lançons un appel à la solidarité nationale et internationale pour exiger leur libération immédiate.
L’ORCAO, dénoncée de manière répétée par les Conseil de bon gouvernement comme étant une organisation paramilitaire, agresse les communautés zapatistes depuis plus de 20 ans avec une violence croissante et en totale impunité.
L’ORCAO a été fondée en 1988 par 12 communautés de la municipalité d’Ocosingo, au Chiapas, comme une organisation de lutte légitime qui revendiquait de meilleurs prix pour le café et une solution aux conditions rudimentaires de l’agriculture. En peu de temps, de nombreuses communautés supplémentaires l’ont rejointe. Pendant des années, l’ORCAO a entretenu des liens avec le zapatisme. Pourtant, ces derniers ont été rompus quand, à la fin des années 90, l’organisation, comme tant d’autres, a cédé à la tentation de négocier des aides gouvernementales et des postes publics en échanges de faveurs.
La rupture s’est agravée avec l’arrivée de Pablo Salazar au poste de gouverneur du Chiapas en 2000. L’ORCAO a alors abandonné la lutte et s’est alliée avec le gouvernement, rompant avec l’EZLN pour avoir accès à l’argent public.
À partir de ce moment, les agressions sont devenues de plus en plus fréquentes et violentes.
Nous faisons ici un résumé de ce qui a marqué la trajectoire de violence de cette organisation depuis cette époque.
En juin 2002, environ 70 membres de l’ORCAO ont attaqué avec des pierres, des gourdins, des fusils, des chaînes et des machettes des bases d’appui zapatistes à Nuevo Poblado Javier López, municipialité autonome de Francisco Gómez, avec la complicité et le soutien de la police.
En juin 2002, des membres de l’ORCAO de Sibacá ont détruit deux hectares de culture de la municipalité autonome Primero de Enero, en plus de démolir des clôtures à Pomalá, de menacer les habitants de López-Chamizal, d’expulser des zapatistes de Ucumiljá y Ja’ten’chib (Ocosingo) et de les forcer à quitter leurs maisons à coups de feu à San Pedro Buena Vista (Sitalá), les dépouillant ainsi de 30 hectares de terres et leur volant leurs maisons et leurs biens.
En janvier 2009, alors que l’EZLN célébrait le Festival de la digne rage à San Cristóbal de Las Casas, des membres de l’ORCAO ont attaqué et essayé de prendre à des bases d’appui zapatistes, un terrain de 500 hectares à Bosque Bonito, municipalité autonome Che Guevara. Peu après, 220 personnes de l’ORCAO, à bord de 19 camions et camionnettes, ont essayé de pénétrer de force dans le caracol de Morelia. A peu près aux mêmes dates, l’ORCAO a aussi bloqué aussi le passage à des zapatistes qui transportaient du bois pour la construction de nouveaux espaces pour l’école autonome de Primero de Enero.
En avril de la même année, pendant que la police de secteur et le groupe paramilitaire OPDDIC attaquaient et harcelaient les zapatistes autour des cascades d’Agua Azul, des membres de l’ORCAO menaçaient de mort les zapatistes, essayaient de brûler le magasin collectif du carrefour de Cuxuljá (acte effectué en août 2020) et incendiaient 60 hectares.
A la fin de cette année, les Conseils de bon gouvernement de La Garrucha et de Morelia ont dénoncé le fait que l’ORCAO avait organisé un groupe pour se rendre maître du marché paysan d’Ocosingo, en expulsant les zapatistes.
En juillet 2011, des membres de l’ORCAO ont envahi des terres récupérées par l’EZLN dans la localité d’El Paraíso, et ce, après diverses attaques antérieures, entre mars et juin 2011, au cours desquelles ils ont détruit 4500 plants de café, un demi-hectare de canne à sucre et un demi-hectare de maïs, en plus d’avoir volé du bétail, du fil de fer, et d’avoir coupé du bois. En juin de cette même année, des membres de la ORCAO ont séquestré et torturé deux zapatistes à Ocosingo.
En août 2011, des paramilitaires de l’ORCAO ont détruit une maison destinée aux observateurs dans la communauté de l’Ejido Patria Nueva, qui appartenait alors au caracol de Morelia. Ce même mois, 12 groupes armés de la ORCAO ont agressé des bases d’appui zapatistes avec des armes à feu, des pierres et des bâtons.
En mai 2012, la JBG de Morelia a dénoncé des confiscations de terres par l’ORCAO dans les municipalités autonomes du 17 Novembre et de Lucio Cabañas. En août de la même année, l’ORCAO a réalisé plusieurs attaques armées contre des bases d’appui zapatistes, selon la JBG de Morelia.
En juillet et en août 2014, des membres de l’ORCAO ont mené une série d’attaques et ont expulsé des bases d’appui zapatistes de la municipalité autonome de San Manuel, caracol de La Garrucha, juste avant que ne se réalise le partage entre peuples originels du pays au caracol de la Realidad, en août de cette année. (voir Action urgente du Frayba.)
Le 23 février 2020, des membres du Congrès national indigène (CNI) des communautés de San Antonio Bulujib y Guaquitepec, de la municipalité de Chilón, y compris deux bébés, ont été frappés et séquestrés par des membres de l’ORCAO et du groupe paramilitaire Los Chinchulines, ainsi que des membres du parti MORENA, en représailles pour avoir participé aux Journées en défense du territoire et de la Terre Mère ” Nous sommes tous et toutes Samir” (voir dénonciation du CNI).
Le 22 août 2020, des membres de l’ORCAO ont saccagé et incendié deux entrepôts de maïs et de café appartenant à des bases d’appui zapatistes, au carrefour de Cuxuljá, entre Oxchuc y Ocosingo, dans la municipalité autonome de Lucio Cabañas, ce qui a déchenché une forte condamnation nationale et internationale.
(Voir le rapport de la Caravane solidaire des communautés zapatistes de Moisés Gandhi et de Nuevo San Gregorio. Voir aussi ce reportage de Avispa Mídia et cet autre en Pie de Página).
Le 8 novembre de cette même année, l’ORCAO a séquestré et torturé le base d’appui zapatiste Félix López Hernández, libéré grâce à la pression nationale et internationale quelques jours plus tard. Dans la même dénonciation, la JBG de Patria Nueva affirme que l’ORCAO a reçu des aides du gouvernement pour construire une école, mais qu’elle les a utilisées pour acheter des armes de gros calibre, avec la probable complicité du gouvernement de la 4T.
En janvier 2021, le Centre de droits humains Fray Bartolomé de Las Casas rapportait de nouvelles agressions armées de l’ORCAO à l’encontre de la communauté Moisés Gandhi. En avril de cette même année, alors qu’ils se rendaient à une réunion à Palenque, deux membres de ce Centre de droits humains ont été séquestrés dans le village de San Felipe, habité en majorité par des membres de l’ORCAO, ce qui fait que tout indique que c’était un acte en représailles du travail de documentation du Centre de ce Centre.
Ce n’est pas un hasard que la séquestration des deux membres du Conseil de bon gouvernement du Caracol 10 Patria Nueva se fasse dans le contexte de la Traversée pour la Vie, juste au moment où la délégation aérienne zapatiste arrive à Vienne pour commencer une série de réunions avec des collectifs et des organisations de gauche sur le territoire européen. Face à la lutte pour la vie, la violence paramilitaire impunie est incitée par le gouvernement de la soi-disant Quatrième Transformation.
Nous nous joignons à l’exigeance de la libération immédiate de José Antonio Sánchez Juárez et de Sebastián Núñez Pérez, et de la fin des agressions et de l’impunité dont jouit l’Organisation régionale des caféiculteurs d’Ocosingo (ORCAO).
La larga historia de violencia paramilitar e impunidad de la ORCAO
(En français ici | English here)
Este pasado sábado, 11 de septiembre de 2021, conforme denuncia de la Red Ajmaq, dos miembros de la Junta de Buen Gobierno “Patria Nueva”, del Caracol 10 (Ocosingo), fueron secuestrados por la Organización Regional de Cafeticultores de Ocosingo (ORCAO). Hasta hoy, las autoridades zapatistas José Antonio Sánchez Juárez y Sebastián Núñez Pérez se encuentran desaparecidos. Desde el Colectivo Radio Zapatista, hacemos un llamado a la solidaridad nacional e internacional para exigir su liberación inmediata.
La ORCAO, denunciada repetidamente por las Juntas de Buen Gobierno como organización paramilitar, ha venido agrediendo a las comunidades zapatistas durante más de 20 años con creciente violencia y completa impunidad.
La ORCAO fue fundada en 1988 por 12 comunidades del municipio de Ocosingo, Chiapas, como organización de lucha legítima que reivindicaba mejores precios para el café y solución al rezago agrario. En poco tiempo, muchas comunidades más se unieron. Durante años, la ORCAO mantuvo vínculos con el zapatismo. Sin embargo, éstos se rompieron a finales de los 1990, cuando la organización, como tantas otras, cedió a la tentación de disputar apoyos gubernamentales y cargos públicos a cambio de favores. La ruptura se agravó con la llegada de Pablo Salazar a la gubernatura de Chiapas en 2000. La ORCAO entonces abandonó la lucha y se alió al gobierno, rompiendo con el EZLN para acceder a dinero público. A partir de ese momento, las agresiones se volvieron cada vez más frecuentes y violentas.
Recopilamos aquí un resumen de la trayectoria de violencia por parte de dicha organización desde esa época.
En enero de 2002, unos 70 miembros de la ORCAO atacaron con piedras, garrotes, tiradoras, cadenas y machetes a bases de apoyo zapatistas en el Nuevo Poblado Javier López, municipio autónomo de Francisco Gómez, con la complicidad y el apoyo de la policía.
En junio de 2002, miembros de la ORCAO de Sibacá destruyeron dos hectáreas de cultivo del municipio autónomo Primero de Enero, además de derribar límites en Pomalá, amenazar a los habitantes de López-Chamizal, expulsar a zapatistas de Ucumiljá y Ja’ten’chib (Ocosingo) y desplazarlos a tiros de sus casas en San Pedro Buena Vista (Sitalá), despojándolos de 30 hectáreas de tierras y robando sus casas y todas sus pertenencias.
En enero de 2009, mientras el EZLN celebraba el Festival de la Digna Rabia en San Cristóbal de Las Casas, miembros de la ORCAO atacaron e intentaron despojar a bases de apoyo zapatistas de un predio de 500 hectáreas en Bosque Bonito, municipio autónomo Che Guevara. Poco después, 220 personas de la ORCAO a bordo de 19 camiones y camionetas intentaron ingresar por la fuerza al caracol de Morelia. Por esas fechas, la ORCAO también impidió el paso de zapatistas que transportaran madera para la construcción de nuevos espacios de la escuela autónoma de Primero de Enero.
En abril del mismo año, mientras la policía sectorial y el grupo paramilitar OPDDIC atacaban y hostigaban a los zapatistas alrededor de las cascadas de Agua Azul, miembros de la ORCAO amenazaban a los zapatistas de muerte, intentaban quemar la tienda colectiva en el crucero Cuxuljá (acto que consumaron en agosto de 2020) e incendiaron 60 hectáreas.
A finales de ese año, las Juntas de Buen Gobierno de La Garrucha y Morelia denunciaron que la ORCAO organizó un grupo para apoderarse del tianguis campesino en Ocosingo, expulsando a los zapatistas.
En julio de 2011, miembros de la ORCAO invadieron tierras recuperadas por del EZLN en el poblado El Paraíso. Esto tras diversos ataques anteriores, entre marzo y junio de 2011, en los que destruyeron 4 mil 500 matas de café, media hectárea de caña y media hectárea de milpa, además de robo de ganado, robo de alambre y corte de madera. En junio de ese año, miembros de la ORCAO secuestraron y torturaron a dos zapatistas en Ocosingo.
En agosto de 2011, paramilitares de la ORCAO destruyeron una casa para observadores en la comunidad Ejido Patria Nueva, entonces perteneciente al Caracol de Morelia. Ese mismo mes, 12 grupos armados de la ORCAO agredieron con armas de fuego, piedras y palos a bases de apoyo zapatistas.
En mayo de 2012, la JBG de Morelia denunció despojos de tierras por parte de la ORCAO en los municipios autónomos de 17 de Noviembre y Lucio Cabañas. En agosto del mismo año, la ORCAO realizó varios ataques con armas de fuego contra bases de apoyo zapatistas, según denuncia de la JBG de Morelia.
En julio y agosto de 2014, miembros de la ORCAO llevaron a cabo una serie de ataques y desplazaron a bases de apoyo zapatistas del municipio autónomo de San Manuel, caracol de La Garrucha, justo antes de que se realizara la compartición entre pueblos originarios del país en el caracol de La Realidad, en agosto de ese año. (Ver Acción urgente del Frayba.)
El 23 de febrero de 2020, miembros del Congreso Nacional Indígena (CNI) de las comunidades de San Antonio Bulujib y Guaquitepec, municipio de Chilón, incluyendo a dos bebés, fueron golpeados y secuestrados por miembros de la ORCAO y del grupo paramilitar Los Chinchulines, así como integrantes del partido MORENA, en represalia por haber participado en las Jornadas en Defensa del Territorio y la Madre Tierra “Samir Somos Todas y Todos” (ver denuncia del CNI).
El 22 de agosto de 2020, miembros de la ORCAO saquearon e incendiaron dos bodegas de maíz y café pertenecientes a bases de apoyo zapatistas, en el crucero Cuxuljá, entre Oxchuc y Ocosingo, en el municipio autónomo de Lucio Cabañas, detonando una fuerte condena nacional e internacional. (Lee/escucha el informe de la Caravana Solidaria a las comunidades zapatistas de Moisés Gandhi y Nuevo San Gregorio. Ve también este reportaje de Avispa Mídia y este otro de Pie de Página.)
El 8 de noviembre de ese mismo año, la ORCAO secuestró y torturó al base de apoyo zapatista Félix López Hernández, liberado gracias a la presión nacional e internacional unos días después. En la misma denuncia, la JBG de Patria Nueva afirma que la ORCAO recibió apoyo de gobierno para construir una escuela, pero que lo utilizó para comprar armas de alto calibre, con la presumible complicidad del gobierno de la 4T.
En enero de 2021, el Centro de Derechos Humanos Fray Bartolomé de Las Casas reportó nuevas agresiones armadas de la ORCAO a la comunidad Moisés Gandhi. En abril de este mismo año, dos integrantes de ese centro de derechos humanos fueron secuestrados mientras se dirigían a una reunión en Palenque, en el pueblo de San Felipe, habitado en su mayoría por miembros de la ORCAO, en lo que todo indica fue un acto de retaliación por el trabajo de documentación de dicho centro.
No es casual que el secuestro de los dos miembros de la Junta de Buen Gobierno del Caracol 10 Patria Nueva se dé en el contexto de la Travesía por la Vida, justo al tiempo que la delegación aérea zapatista llega a Viena para comenzar una serie de reuniones con colectivos y organizaciones de izquierda en el territorio europeo. Ante la lucha por la vida, la violencia paramilitar impune promovida desde el gobierno de la supuesta Cuarta Transformación.
Nos sumamos a la exigencia de la libertad inmediata de José Antonio Sánchez Juárez y Sebastián Núñez Pérez y el fin de las agresiones y de la impunidad de la que goza la Organización Regional de Cafeticultores de Ocosingo (ORCAO).